Samedi 7 novembre Pézenas était en fête pour vivre Martror cette fête traditionnelle de Toussaint pour symboliser le cycle vie-mort-vie et rendre hommage aux morts. Rdv était donné à 19h sur la place de la République pour assister au début de ce véritable spectacle rituel qui m’a charmé par toutes ses facettes.
Venez avec moi découvrir Martror ! La température était clémente, pas de pluie, c’était parfait. Nous avions prévu d’y aller en famille mais Matthieu, notre petit dernier de 4 ans s’était endormi sur le canapé, Frédéric est donc resté à la maison pour que je puisse y assister. (Sympa, mon petit mari).
Edit/Précision : je vous livre ici mon interprétation, ce que j’en ai compris, mes ressentis. Il apparaît suite à ma rencontre avec les membres du Collectif Temporadas pour la fête de Sant Blasi que je n’avais pas en ma possession certaines clés de lecture pour saisir toutes les subtilités de Martror. Je corrigerai tout ceci à la prochaine édition!
un beau costume d’inspiration mexicaine
19h sonnent à la collégiale qui se teinte de mauve à la nuit tombée, c’est joli. J’arrive sur la place où il y a déjà un peu de monde, une estrade est dressée. Des photographes avec du vrai matos de photographe ont joué le jeu jusqu’au bout.
Le spectacle commence par une introduction sur les personnes qui luttent contre la mort, et la pauvreté, la solitude. Les deux hommes vêtus de vêtements rouges, orangés lisent des messages en ce sens. Une chorale les rejoint. Tous ces personnages chantent et représentent la Vie.
Soudain venant du fond du cours Jean Jaurès le cortège de la mort approche…
squelettes à mobylettes
étranges créatures
pleureuses (inspiration mexicaine là aussi)
enfants de la Mort
La Mort arrive sur sa calèche…
La Mort nous rappelle que nous sommes mortels… Memento mori… La cloche de la collégiale sonne… un squelette monte au clocher, à l’assaut du temps
Va s’ensuivre alors une course et une lutte entre la Vie et la Mort.
Les enfants de la Mort vont faire la course avec les choristes de la Vie mais les pleureuses trichent et recouvrent de leur linceul les vivants.
Ca va barder
S’ensuit une lutte entre les forces de Vie et les forces de Mort
Les pleureuses et les créatures d’un côté, les chanteurs de Vie de l’autre, tirent à la corde pour savoir qui va l’emporter…
La lutte semble égale quand soudain apparaît à la fenêtre d’un des hôtels particuliers du Cours Jean Jaurès un personnage bien connu des piscénois…
C’est Estieinou ! Accompagné bien évidemment de Estieinette !
Estieinou et Estieinette sont les personnages qui accompagnent la légende de l’animal totémique de Pézenas, le Poulain.
Estieinou hèle la Vie et la Mort et leur rappelle qu’ils sont tous deux nécessaires et que l’un ne peut l’emporter sur l’autre car c’est un cycle Vie-Mort-Vie. Le mieux est de danser tous ensemble !
Au son des fifres et tambours les créatures de la Mort et les chanteurs de la Vie dansent, les spectateurs également quand apparaît la star locale, le Poulain tant aimé qui réunit tout le monde.
Pour réussir à prendre une seule photo non floue j’ai à peu près dû mitrailler et prendre 20 photos tant l’apparition du Poulain est synonyme d’agitation ! C’est incroyable comme cet animal tient une place dans le coeur des piscénois.
Une fois nos deux protagonistes installés sur le dos de l’animal c’est parti pour un tour de ville historique dans le charivari traditionnel qui accompagne toute sortie de la bébête.
Cette photo est de mauvaise qualité mais elle montre bien l’ambiance.
Les joueurs jouent la musique traditionnelle qui accompagne le Poulain
Le meneur
Nous passons par la Porte Faugères et entrons dans la ville médiévale
Dans les rues étroites ça passe juste
Nous approchons de la Place Gambetta
Estieinou et Estieinette descendent de leur monture pour permettre à cette dernière de faire sa danse sur la Place Gambetta
Les porteurs font faire le tour de la place au Poulain, le montent et le descendent (faut être costaud)
Devant l’ancienne maison consulaire
Le Poulain a fini sa danse il salue et tout le monde se dirige vers la butte du château
Nous sommes tous invités à entrer dans les jardins du château (qui n’existe plus). Ceux qui le désirent pourront laisser un mot à leurs défunts et les « esprits » présents sur le lieu deviendront messagers et porteront les messages aux destinataires.
Nous franchissons donc les grilles (habituellement fermées), grimpons la petite pente dans le noir, l’agitation a laissé la place au silence… Arrivés en haut quatre autels nous attendent. Un pour chaque élément… L’ensemble est saisissant, poétique. C’est magique.
le feu
l’eau
L’air
la terre
La lune
L’ambiance est vraiment spéciale, apaisée, sereine, il y a beaucoup de monde mais c’est presque silencieux. Les gens parlent doucement, chuchotent même, ça fait un bien fou, je n’ai pas très envie de partir mais il est 21h et on m’attend à la maison pour manger, j’ai pris 400 photos (!!!), mon appareil photo n’a plus de piles, j’ai faim (et besoin de faire pipi j’avoue) mais non je n’ai pas envie de partir d’ici… C’est tellement poétique !
Bravo au collectif Temporadas qui a repris avec brio l’organisation de Martror, une belle réussite. Bravo pour le scénario qui a su allier le païen et le religieux, les mythes et légendes avec les coutumes locales ; bravo pour les costumes, et les maquillages. Vivement l’édition 2016!