Road-Trip… rien que le mot en anglais est pour moi synonyme d’évasion et d’ailleurs… Il porte en lui la culture cinématographique et littéraire américaine des années 50. Le road-trip ce sont des routes scéniques aux Etats-Unis, de vastes étendues, des rencontres romanesques, une sensation de liberté, de découverte et d’aventure.
Le road-trip c’est romantique à mort.
Mais le road-trip (l’escapade, le voyage, peu importe le nom qu’on lui donne) me permet de profiter des habitudes du quotidien, de m’ouvrir à la nouveauté et à autrui, de me nourrir intellectuellement, de partager des moments et des émotions… Le road-trip c’est continuer de voyager une fois le road-trip terminé…
Partir pour ne pas rester
Frédéric et moi sommes casaniers. Oui, oui. Nous aimons rester chez nous, dans notre home sweet home. De plus nos professions respectives font que nous y passons la majeure partie de notre temps surtout Frédéric qui est web concepteur/designer en free lance. Il travaille depuis notre domicile. Moi, je me déplace pour mon boulot de formatrice mais je ne pars pas tous les jours, ce qui me laisse du temps pour la rédaction d’articles. Notre bureau est à la maison. Partir nous permet donc de sortir de ce cadre aimé et rassurant mais dans lequel nous restons enfermés.
Le quotidien est fait de routines qui sont aussi inéluctables que nécessaires, inéluctables car nécessaires : la répétition est un des facteurs de la sécurisation recherchée dans la quotidienneté. Elle me protège des aléas de la vie. Mais cette fonction est efficace à condition de la réactiver. C’est ce que je fais en intégrant des phases de « rupture » (maîtrisée) dans cette régularité. Nous partons pour échapper à l’enfermement temporel et spatial et, ce faisant, pour mieux y retourner.
Partir pour découvrir
Découvrir de nouveaux horizons, ouvrir nos regards à d’autres lieux, d’autres paysages… D’autres cultures allais-je écrire mais mon geste s’est interrompu le temps de la réflexion : en voyageant en France et le plus souvent localement, dans la région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, puis-je découvrir d’autres cultures ? La réponse est oui. Oui car à chaque fois nous y apprenons (même sommairement) l’histoire locale, les traditions, les coutumes. Rompre avec les habitudes permet de s’ouvrir à l’Autre.
Partir pour se nourrir
Les découvertes apportent cette nouveauté qui participe au bon fonctionnement de mon cerveau. Cela m’apporte équilibre et sérénité. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : nourrir mon cerveau, mes sens. Apprendre, réfléchir, découvrir sont les composants de mon carburant ! Je donne à mes yeux de nouvelles choses à admirer, à mes oreilles les sons de la nature, à mon nez et mon palais des senteurs et des saveurs différentes. Je donne à mon corps l’occasion de se mettre en mouvement puisqu’une fois sortis de notre véhicule, je marche. « Vivre c’est être debout, voyager c’est avancer, et vivre en voyageant c’est marcher ».* Partir pour me nourrir et vivre.
Partager
Partager autre chose que le quotidien avec son conjoint est, selon moi, une des clés pour garantir la pérennité du couple. La routine est inévitable mais n’est pas nécessairement synonyme de nécrose : ce sont tous ces petits riens du quotidien qui composent et constituent notre vie de couple. Nous les partageons, ils aident à notre complicité. Mais pour ne pas être que dans la gestion (des courses, des enfants) il nous faut intégrer des surprises, les ruptures dont je parlais plus haut. Nos escapades y participent. Elles apportent à notre couple et à notre famille une bouffée d’air frais, une bulle de nouveautés, d’autres moments de partage.
Laisser le voyage voyager
« De la même manière que l’homme est le seul animal mortel qui se veuille immortel, le voyage se prolonge au-delà de sa fin. Une fois terminé, un périple se poursuit sous d’autres manières que le déplacement sur place… C’est un autre voyage qui commence. » *
Un autre voyage qui commence… oui c’est tout à fait ça ! En rentrant à la maison, j’ai la tête pleine d’images et de sensations, nettes et floues à la fois. Puis je commence par regarder les photos et là c’est étrange cette impression de revivre la même chose mais différemment. Ma mémoire avait déjà fait un tri, commençant à créer le puzzle de mes souvenirs. En visionnant les photos je complète ce puzzle, je lui redonne des contours nets. Ensuite j’écris, besoin irrépressible de mettre des mots sur les images. Avec ce blog je redéfinis clairement les contours, je donne une consistance plus massive, je donne du poids à mes souvenirs. L’impression d’ancrer (encrer) la fugacité du moment passé pour le rendre immortel. Mais en le partageant avec d’autres je l’allège aussi, je le laisse s’envoler.
Je laisse le voyage voyager…
* Franck Michel, anthropologue et voyageur
Et vous ? Que recherchez-vous dans le voyage ? Qu’est-ce qui vous motive ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Racontez-moi, partagez vos expériences en laissant un commentaire.