La Saint Blaise 2018 telle que je l’ai vécue : à la fois actrice et spectatrice !

Après vous avoir fait découvrir une partie des coulisses et donné les clés de la Saint Blaise il est temps de vous faire vivre le jour J tel que je l’ai vécu. A la fois inside et spectatrice. C’était le 3 février, et, bien sûr comme la plupart des samedi je bossais. Je n’ai donc pas pu aider et participer à la mise en place des décors… Tant pis ce sera pour l’an prochain.

Après ma journée de travail et une fois arrivée à mon domicile je fis l’impasse sur mon five o’clock tea (noir avec un cumulo-nimbus de lait froid), boisson absolument incompatible avec ma petite vessie et la perspective de deux heures  dehors dans un froid de semi-gueux (on est dans le sud faut pas pousser non plus).  Après un chocolat chaud délicieusement régressif et une douche apaisante et stimulante à la fois, j’étais quasi prête. Il ne manquait plus qu’à disposer mon attirail dans mon sac-à-dos : mes gants et mon bonnet en laine mais également des petites bouteilles d’eau et des pailles. Ma mission étant, si je l’acceptais, et je l’acceptai car les défis ne me font pas peur, d’hydrater certains acteurs durant le spectacle déambulatoire.

Le spectacle commençait à 19h devant le portail de la Butte du Château et j’avais dans l’idée de rejoindre les acteurs au Foyer des Campagnes, lieu des préparatifs (costumes et maquillages). Je fis d’abord un crochet par le Cours Jean Jaurès, vidé des véhicules habituellement en stationnement, puis par la mairie car une partie du spectacle devait y avoir lieu. Et là pouf je constate avec effroi (si si les soirs de spectacle on a le droit d’être en mode drama queen) qu’il y a des véhicules stationnés alors qu’il ne devrait pas y en avoir #maisquefaitlapolice! Puis je file vers le Foyer des Campagnes. Il est 18h30, j’aperçois au loin une partie des différents acteurs à l’extérieur. Clic clac deux trois photos, puis Delphine, toute rose tel un bonbon anglais, me tend un fanion et me propose un rôle… comme ça au débotté!!!!  Et là je sens que ma vie va prendre un tournant, que c’est la chance de ma vie, je suis prise de vertige, je dis OK ! Comme quoi une carrière ça te tombe dessus sans crier gare (en même temps mon effroi devant la mairie était un signe évident de ma capacité à incarner les émotions les plus fortes). 

  

Le calme avant la tempête… Cours Jean Jaurès et Cour Zevort vides

  

Panneau et serrure  de G. Garcia. Dispensaire créé au dernier moment pour cacher un barnum qui n’était pas censé être là

  

enfants sauvages – médecins moliéresques – équipe sanitaire

Suivez la guide !

Et là, vous, lecteurs qui n’étiez pas dans le secret des dieux, je sens que vous vous interrogez, je vous sens tendus devant tant de suspense… « Ho my gosh, mais quel rôle  fut donc confié à notre blogueuse préférée ?!?! ».

Oui bon, bien sûr vous n’aurez pas été dupes avec mon teasing minable, je vous sais plus intelligents que ça. En fait un petit groupe constitué des photographes de Pézenas devait jouer le rôle des touristes qui suivent la guide. Une personne supplémentaire était la bienvenue. Je fus celle-ci. Cela me permettait de rendre service, d’être aux premières loges dans les premières minutes du spectacle et je pouvais quand même hydrater notre pauvre ours et les « tinetteurs ». Je vous demande pardon pour la médiocre qualité des photos, toutes prises depuis mon tel.


Avertissement !

Alors, en préambule, il me semble nécessaire de préciser une chose : tout ce qui touche à Carnaval (et la Saint Blaise est la fête sans laquelle Carnaval ne peut avoir lieu) est assez fortement lié à la scatologie. Oui. C’est comme ça. A Carnaval on régresse, on se déguise, on fait un peu n’importe quoi, la nature se réveille, on reste bloqués au stade anal. Alors, je rassure ceux qui, comme moi, ne trouvent pas ça forcément très amusant, ça reste tout à fait supportable. (Je vous rappelle que je suis une lady– tendance BoBo, et que le pipi-caca, en général, ne me fait absolument pas rigoler).

Donc cet article va parler un peu de matières fécales et de pet magique. Mais pas que évidemment…

fin de l’avertissement


Le scénario en images de la Saint Blaise édition 2018

Comme vous le savez si vous avez lu l’article sur les coulisses, chaque année il faut se creuser les méninges pour adapter un événement local ou national pris dans l’actualité à l’histoire de Saint Blaise/Pézenas… Cette année le collège artistique en charge de cette adaptation prît comme élément d’actualité l’absence d’une maison médicale en ville et le départ annoncé d’une demi-douzaine de médecins de la ville.

La cata quoi.

Le Collectif Temporadas décida donc de partir de cette situation pour imaginer le scénario suivant :

L’hiver touche à sa fin, la nature, représentée par les hommes et femmes sauvages (la Sauvagine), va se réveiller. L’Ours doit péter pour appeler le printemps. Mais une épidémie, de type gastro-entérite, la foudroie. Lorsque la population, menée par la Précoune  va chercher cette Sauvagine sur la butte du château elle se retrouve donc face à des êtres malades. Tout le monde se tord de douleur, l’ours n’arrive pas à faire ce qu’il doit faire.

La Précoune, autrement dit la conteuse, sera cette année représentée sous les traits d’une guide touristique, nommée Denise Nezpivalone (clin d’oeil au guide de l’OT de Pézenas), Accompagnée, au départ, d’une petite troupe de touristes, elle s’installe devant le portail de la butte du château afin d’expliquer en quelques phrases que :

  • la Sauvagine est là-haut, derrière le lourd portail de la Butte du Château.
  • Que l’Ours devra péter pour faire venir le printemps   (ha oui ici à Pézenas l’Ours – le seul l’unique- a la flatulence magique).
  • Ensuite la Sauvagine ira chercher Saint Blaise,
  • Saint Blaise ira récupérer les clés de la ville auprès des Capitouls.
  • La population ainsi en possession des clés pourra recevoir également la Carnavaline (l’esprit de Carnaval).
Acte I 
La Butte du Château 
La Sauvagine

Avec mes petits camarades au fanion rose nous nous plaçons un peu en retrait du départ du spectacle. Nous devons attendre le top départ de l’équipe technique. De là où nous sommes nous entendons la Sauvagine crier, grogner, haleter. On se marre.

Les premiers spectateurs arrivent, certains nous demandent qui on est. Il faut dire que Delphine-Denise est joliment voyante. Soudain c’est à nous d’entrer en scène, Delphine passe devant en clamant son rôle de guide, nous suivons en prenant des photos à tort et à travers, les flashs crépitent. Notre guide s’installe sur sa poubelle (on fait avec les moyens du bord) et explique Saint Blaise (voir plus haut). Elle est parfaite. Elle redescend de son piédestal et nous ouvrons les portes qui mènent à la Butte du Château pour voir la Sauvagine.

  

Jérôme installe le micro 

Nous ouvrons la porte qui mène à la Butte du Château

Sur place la tinette* est là mais les trois pauvres hommes chargés de la transporter sont débordés de travail ! Ils courent partout pour vider les seaux d’aisance dans la tinette, on se croirait revenu dans les années 40 dans certaines petites villes de France (ma mère a connu ça à Agde quand elle était petite c’est vous dire…) Il faut vraiment soigner la Sauvagine et éviter que l’épidemie ne se propage à la population.

*Baquet servant aux transport des matières fécales.

La Sauvagine et les tinetteurs (Claude, Philippe, Albert)

Fada sauvage

Fada Albert

La Précoune sort son téléphone portable et appelle des médecins mais, évidemment, personne ne répond puisqu’ils sont tous partis ! Une équipe sanitaire d’urgence sur leurs super Solex est appelée afin de désinfecter tout ce petit monde. La Sauvagine et la population peuvent donc partir en direction de la collégiale afin que Saint Blaise, guérisseur, soigne tout le monde et récupère par la même occasion les clés de la ville. Quelques vieilles proposent leurs plantes médicinales à la foule et les médecins moliéresques semblent eux aussi souffrir des mêmes maux.

L’Ours et sa véto attitrée 

Certains habitants ont aussi joué le jeu

L’Ours a mal

Une « Vieille » propose ses plantes (en vrai c’était des bonbons)

Durant la déambulation qui mène de la Butte du Château à la Collégiale j’essaie de prendre des photos avec mon téléphone (d’où les photos pourries), tout en veillant à hydrater Gérard qui meurt de chaud (Gérard est l’animal qui se trouve dans l’Ours) ainsi que nos trois tinetteurs qui doivent manipuler l’engin fort peu maniable et qui pèse un âne mort.

Acte II

La Collégiale 
Mais où est Saint Blaise ?

On tape aux portes de la Collégiale afin d’en faire sortir Saint Blaise mais c’est Saint Dièse qui en sort !

Allons bon, qui c’est celui-là ?!

Saint Dièse est un saint patron totémique  en voyage depuis Saint Dionsy (dans le Gard).

Et qu’est-ce qu’il fait ici ?!

 Il est venu avec ses hautboïstes participer à un stage de haut-bois.

Allez ouste ! dehors l’imposteur !

Denise pense qu’il est peut-être resté à Dubrovnik (Saint Blaise est aussi le saint de la ville croate), elle téléphone là-bas mais en fait non il est rentré à Pézenas afin de soigner les Capitouls, eux-mêmes malades. Comment retrouver les Capitouls ? Il faudrait faire appel à un animal avec du flair… Notre Ours devrait faire l’affaire ! Denise cherche l’ours du regard. Elle l’appelle : « Géraaaard », « Winnyyyyyyy viens mon petit » (un peu d’impro ne fait jamais de mal).

La bête arrive enfin, renifle l’écharpe tricolore (les Capitouls sont les responsables politiques de la ville) et voilà notre ours, tenu en laisse par la guide, elle-même juchée, en amazone ma chère, sur la tinette. La déambulation repart de plus belle entraînée par l’ursidé renifleur.

« L’Ours, la Précoune et la Tinette » la fable écrite par le Collectif Temporadas

Je peux vous dire qu’à cet instant de la déambulation, notre Ours a failli crever. Il n’en pouvait plus. Sa ceinture de cuir sur laquelle était fixée sa laisse tombait de sa taille, il devait donc la tenir, ce qui le faisait se pencher vers l’avant, plaçant par conséquent sa tête en porte-à-faux. La posture, le poids du costume, la chaleur et la fatigue… la galère quoi.

Acte III

La Cour Zevort 

Les Capitouls et Saint Blaise

La piste nous amène dans la cour Zevort tout à côté de la Mairie. Les capitouls sont ici !

La population les appelle : « Capitoul boulem San Blasi ! » (traduction : Capitoul amène Saint Blaise !). 

Les Capitouls sont au nombre de trois, chacun représentant un des ordres de l’Ancien Régime : la noblesse, le clergé  et le Tiers Etat. Le premier se présente à sa fenêtre et fait part de ses maux, et demande à Saint Blaise de le soigner. Ce que Saint Blaise fait. Puis la population recommence : « Capitoul, boulem San Blasi ! », le deuxième évoque lui aussi ses douleurs et Saint Blaise le soigne. Idem avec le troisième. Chacune des apparitions est le prétexte à évoquer le sujet d’actualité, le tout de façon irrévérencieuse. Et ils ont, bien évidemment, fait référence au sujet d’actualité : la fuite des médecins.

Pour prix de leur guérison les Capitouls rendent les clés de la ville à Saint Blaise ainsi que les plantes nécessaires à la préparation de la Carnavaline. L’esprit de Carnaval souffle enfin sur la ville, la musique retentit, on peut aller chercher le Poulain !

Philippe (en haut) et Claude : deux de nos vaillants chargés de tinette !

Saint Blaise qui trône dignement sur la tinette, ouvre la serrure avec les clés de la ville, les Hommes Sauvages tambourinent à la porte (bon, alors la, ça aurait dû être plus rapide mais apparemment du côté du Poulain on avait fêté un anniversaire ce qui eut pour conséquence, par un étrange phénomène, de rallonger quelque peu peu leur temps de réaction). Mais enfin ! ça y est le Poulain pointe le bout de son visage.

    

Par expérience je sais qu’il vaut mieux ne pas rester au milieu de la population quand le Poulain débarque, il a tendance à déchaîner les passions. Donc hop, je me faufile, telle la belette, vers ce que je sais être la suite des événements. Me voici donc avec mes copains Saint Blaise, les Capitouls et les Tinetteurs. Nous sommes positionnés en avant du Poulain, ce qui nous laisse un peu de répit. Nous profitons du calme, on papote, on rigole, Fernand se gèle dans sa chemise légère.

Fernand, Paul et Jean-Marie, les Capitouls

Jérôme, Saint Blaise 2018

Le Poulain arrive !

Acte IV 

Place Gambetta

Le baptême du Poulain

Nous nous hâtons vers la Place Gambetta pour prendre place devant la Maison Consulaire. Saint Blaise s’installe sur la fontaine, entouré de tous les acteurs  les Capitouls, la Sauvagine, les Médecins, les Vieilles et l’Ours. Je tente de me placer à un endroit où je pourrai voir à peu près bien le déroulement du baptême du Poulain. C’est pas super easy vue ma taille (1,57 m TTC).

Le baptême commence : Saint Blaise bénit le Poulain en lui glissant autour du cou un Petit Pâté de Pézenas, LA spécialité culinaire de la ville (si vous ne connaissez pas vous loupez un truc, c’est super bon. Moi j’adore). 

Ensuite Saint Blaise intronise Hugo le tout jeune et tout nouveau Meneur du Poulain.

Un coup de soufflet géant dans le derrière du Poulain pour lui insuffler l’esprit de Carnaval et la ville est désormais en mesure de vivre les 5 jours de fête qui mènent à Carnaval !

Le Poulain repart et entraîne dans sa course les spectateurs pour continuer la déambulation.

Je ne la suis pas : j’ai froid, j’ai faim, j’ai super envie de faire pipi, j’ai mal aux jambes et mon téléphone n’a plus que 8% de batteries… #blogueusecrevée

Je ne peux donc plus prendre de photos à mon grand désespoir car je voulais faire des selfies avec les copains/copines et immortaliser la suite des événements. Je file donc vers le Foyer des Campagnes où les participants arrivent petit à petit. Ils se changent, se  démaquillent, font retomber la pression. Je descends à la buvette me prendre un petit verre de blanc, je remonte, on papote, l’Ours arrive un peu hagard, on l’aide à retirer son costume. Avec Philippe nous faisons la queue pour profiter du bon ragoût d’escoubilles préparé par Nelly. Un ragoût d’escoubilles c’est à la base un ragoût fait avec des restes de légumes et de viandes. Bon, là, Nelly ne s’est évidemment pas amusée à récupérer des restes pendant deux semaines afin de préparer de quoi faire manger entre 150 et 200 personnes… Nous cherchons une place parmi les gens déjà installés autour des longues tables dressées pour l’occasion. Je me régale, c’est chaud, c’est goûteux et revigorant. Nous allons laver notre assiette et nos couverts, je propose mes services à Nelly, je passe de table en table pour proposer du pain, je m’assois discuter avec les copains, on rigole, on boit un coup à la buvette et regardons danser les gens au son des musiciens qui ont accompagné le spectacle tout du long.

C’est simple, bon enfant et joyeux comme une fin de fête rituelle. Un fête qui relie aux autres, aux racines que l’on se crée, au temps.

Bref j’ai kiffé grave.

Je remercie et félicite tous les membres du Collectif, tous les participants, tous les acteurs, les équipes techniques, tous ces bénévoles au service de la fête. 


 Si vous désirez voir de vraies magnifiques photos qui rendent hommage à cette fête je vous invite à cliquer soit sur la page FB du Collectif Temporadas qui les as partagées soit sur celle des photographes suivants :

 La prochaine fête rituelle de Pézenas organisée par le Collectif Temporadas aura lieu le 23 juin pour la Saint Jean.

 Si vous désirez connaître la distribution pour cette St Blaise 2018 c’est sur le site internet que ça se passe : http://www.temporadas.org/sant-blasi-2018/

D’ailleurs je signale au passage que vous pouvez adhérer en ligne ou acheter affiches ou cartes postales sur leur boutique en ligne : http://www.temporadas.org/boutique/


 

 

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2 réflexions sur “La Saint Blaise 2018 telle que je l’ai vécue : à la fois actrice et spectatrice !

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